jeudi 15 septembre 2011

Dessine-moi un Boston

Au contact du Québec, j’ai appris deux choses. Un peu plus, je vous le concède, mais deux choses qui ces jours-ci ont leur importance. 

J’ai appris, premièrement, que Boston rime avec mouton (et pas avec trombone) et ensuite que le marathon des marathons c’est Boston (qui rime avec mouton qui rime avec marathon, comme ça tombe bien). 

En Europe, qu’on soit coureur ou pas, Boston, c’est juste une ville des États-Unis, quelque part on ne sait pas très bien où. New York, oui, ça oui. Ça c’est un marathon, un mythique en Amérique. Mais Boston… BQ ? Connais pas. BBQ, vous voulez dire ?

Pourtant, depuis deux ans que je vis et cours au Québec, la ville de Boston a fini par s’associer au marathon. Même si elle continue de rimer avec trombone. 

Il y a un an, je m’étais dit : « Cool, j’ai le temps de qualif pour Boston. On en parle tant, ça doit être sympa, je m’inscrirais bien. » Quelle naïveté ! J’appris quelques jours après le début de la période d’inscription (dont je ne m’étais guère souciée) qu’en huit heures tous les dossards s’étaient envolés. M’enfin ! m’étais-je exclamé nonchalamment. J’avais trouvé les gens bien excités avec ce marathon. Sont fous ces Américains. 

Cette année, j’ai continué à courir et j’ai rencontré plein de coureurs. En les côtoyant sur Dailymile et à travers leurs blogs (les Fourmis, Luc, Patricia), Boston est revenu en mégalopole. Son marathon était dans les jambes, dans les rêves, dans les têtes, dans la transpiration. Boston obsession, la rime est facile. Boston qualification, c’est plus difficile. Et c’est bien pour ça qu’on veut y aller, pour s’y faire consacrer.

En juin, j’ai couru le marathon du Luxembourg avec un chrono BQ (Boston Qualifier). Il me semble que les standards bostoniens sont moins durs pour les femmes que pour les hommes, mais là n’est pas la question : il se fait que je suis BQ. Il se fait aussi que les organisateurs du marathon ont mis en place un nouveau système d’inscription pour éviter que ne se reproduise la razzia de 2010. Premiers arrivés, premiers servis, le système informatique avait dû se manger une sacrée surchauffe et les organisateurs un bureau des plaintes apocalyptique. En 2011, pour Boston 2012, on y va au mérite sportif. Vous irez lire les raffinements du nouveau système d’inscription sur le site du marathon, mais en gros les inscriptions sont ouvertes deux semaines. Première semaine, inscriptions gardées pour les BQ confortables (deux jours prioritaires pour les coureurs qui surclassent les standards de 20 minutes et plus, deux jours pour les 10 minutes et plus, deux jours pour les 5 et plus). Deuxième semaine, s’il reste de la place, ouverture pour tous les autres. Les meilleurs de chaque catégorie parmi les « simples BQ » seront retenus. Il se fait que je suis bien BQ : 12 minutes et 51 secondes en dessous du temps de qualification dans ma catégorie d’âge. (Notez que ce chrono ne me qualifierait pas pour New York. Heureusement pour mon orgueil, le semi-marathon est une épreuve admise pour la qualification.) Autrement dit, une inscription possible dès le troisième jour de la première semaine d’inscription. Je vous mets un peu de Tylenol avec ça ?

Là, je me suis comme sentie obligée d’essayer. J’avais ce que d’aucuns désirent au plus profond de leur âme de coureur et cherchent au plus profond de leur corps, je ne pouvais pas le laisser en jachère. Mue par une espèce d’obligation morale, hier matin j’ai rempli le formulaire d’inscription. Ça a l’air prétentieux dit comme ça, et même condescendant. J’ai l’air d’entendre que je n’ai eu qu’à me baisser pour ramasser un BQ. C’est faux évidemment. Je me suis entraînée dur pour le marathon et j’ai souffert pendant, mais je ne l’ai pas couru avec une qualification dans la mire. (D’ailleurs, maintenant que j'y pense, cest pas du tout moral ce que je fais, prendre la place de quelqu'un qui la veut plus que moi. Zut. Tant pis.) 

La fièvre de Boston ne s’est pas emparée de moi, ou bien alors par procuration. Il y a beaucoup de curiosité par contre. 

Maintenant j’attends que les organisateurs vérifient mon temps et statuent sur la bostonabilité du marathon du Luxembourg.

Après, si ça a l’heur de leur convenir, j’aurai la fièvre. Je vais vous saouler. Ça va être horrible.

En conclusion, vous avez bien raison amis du Québec, Boston rime vraiment avec mouton. À moins que ce ne soit avec acculturation et intégration ?

8 commentaires:

  1. Chic! Je te souhaite cette admission bien méritée. Et d'ailleurs on aime la fièvre et l'ivresse et l'horreur. Tu ne risques pas de nous effrayer.

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  2. Au moins tu n'as pas dit rime avec jambon! Pour ce qui est de nous saouler, tu écris tellement bien que ça ne sera pas bien grave d'abuser de quelque chose qui ne donne pas mal à la tête...

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  3. Je te le souhaite, c'est pleinement mérité.

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  4. Merci les amis! C'est confirmé! Jambon, marathon, mouton, soûlons: dans le Boston, tout est bon! Plus de chance que de mérite, mais qu'importe, c'est parti pour la fièvre!

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  5. moulon, bourbon, crouton, pabon, ...

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  6. Et tu vas la vivre la fièvre là-bas, crois-moi! Moi aussi coureuse française au Québec j'ai été un peu déstabilisée par l'ampleur que prend "LA" qualification pour Boston, véritable carotte au bout du bâton pour suivre un plan d'entraînement de marathon.
    Je l'ai couru 2 fois, j'y retourne en 2012 parce que ... ben tu le comprendras toi-même une fois sur place! Bonne chance pour cet hiver et ta préparation!

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  7. @Anonyme: et rond et rond petit patapon

    @Émilie: Et donc c'est contagieux! Trois fois de suite... Wahou! Je pense que je vais te fatiguer avec un milliard de questions dans pas longtemps... Je lis souvent ton blog, je saurai te retrouver, héhéhé.
    PS: Je ne suis PAS FRANÇAISE (C'est devenu une phrase de running gag ici. Hihi.)

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  8. Tu es une liseuse de nos trépidations, alors tu peux y consulter mes deux comptes rendus de Boston, deux expériences totalement différentes.
    PS : ah ben moi oui, FRANÇAISE DE FRANCE, oui oui!!!

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