19 juin 2011
Je n’avais pas l’intention d’en faire un billet parce que ce n’était pas une épreuve importante au sens d’une épreuve pour laquelle je me serais préparée, vous savez une épreuve qui se vit avant de le vivre avec des objectifs, des calculs et les états d’âme que ça implique. À vrai dire, je n’étais même pas censée participer au Jogging de La Louvière puisque j’étais (suis) toujours en récupération du marathon de la semaine précédente.
Mais…
Mais ce n’est pas parce que c’est une « petite course » (à l’échelle de mon programme et de mes si-on-peut-dire-ambitions) dans une « petite ville » (à l’échelle de la planète) qu’il ne faut pas en parler.
À l’échelle de ma planète, La Louvière, c’est grand.
Sans que j’y aie jamais vécu, La Louvière c’est la ville où je suis née, la ville où j’ai grandi, la ville où j’ai appris à courir, la ville où je reviens quand je reviens dans ma famille, la ville où je suis le plus chez moi au monde. Le week-end du Jogging, c’est la grosse fête. Le vendredi, commence la braderie, les magasins déballent tout sur les trottoirs, les cafés font pareil. C’est la Fête de la musique. Le dimanche matin, les enfants courent (bravo mes nièces !) et les concours de pétanque, de pêche et de VTT battent leur plein. En plus, le « Royal Athlétique Club » dont ma famille est un membre historique organise avec la Ville ce week-end sportif. Des gens, des choses, du bruit, des couleurs. Et de la pluie. Je ne pouvais pas rater ça.
Je voulais faire les 20 km. J’aime tant cette distance. Je les avais courus l’année passée avec beaucoup de plaisir et j’aime bien ça, me faire plaisir.
Mais…
Mais ce n’aurait pas été très sérieux. J’ai écouté sagement les conseils de ma mère et des excellents Bruno (mon entraîneur de quand j’étais petite) et Jean-Luc (mon entraîneur) et je me suis inscrite aux 10 km. Il y avait aussi un 6 km. Non, pas 6 km quand même !
Me voilà donc partie pour un 10. Je n’aime pas trop ça. Ça va trop vite. C’est trop intense. L’esprit n’a pas le loisir de partir en goguette. J’aime, quand je cours, parvenir à un état de suspension. Sur un 10 km, c’est un état que je suis sûre de ne pas atteindre. Par contre je suis sûre de souffrir, surtout si je cherche à maintenir une vitesse prescrite. Les 10 km me donnent d’excellentes raisons d’angoisser. Pour ce 10 km, je n’ai pas d’objectif et donc point trop de stress. Surtout qu’une heure avant je ne savais pas que je courrais cette distance (je m’en doutais seulement). Je ferai ici avec ce que mes jambes voudront bien me donner, sans plus. J’espère tout de même tenir du 4’30 puisque c’est une vitesse que je suis capable de tenir sur un semi.
Allons-y.
Houdeng-Goegnies,
l'ascenceur n°1 sur le canal du Centre. Photo: Jean-Pol Grandmont via Wikimedia Commons. |
Le Jogging est une course populaire, il y a un joyeux mélange de néophytes, d’aguerris, de déguisés, de compétiteurs et de promeneurs. Coup d’envoi, c’est le brol (expression du cru), les vitesses des coureurs sont pour le moins hétéroclites, on slalome, on se fait coincer, on manque de tomber et de faire tomber. Heureusement, le départ est en descente et la route s’élargit, les coureurs s’égaillent et le troupeau se dilue, jusqu’au goulot d’étranglement sous le pont Capitte où on rejoint la canal et son chemin de halage en cendrée rouge. Là on perd les 6 km. Plus loin, en haut de l’ascenseur à bateau, les 20 km continuent leur route, les 10 redescendent pour courir sur l’autre berge. Bien avant d’opérer ce demi-tour, je vois les deux femmes en tête de la course, de l’autre côté de l’eau. J’admire l’élégance de Mathilde qui finira deuxième.
Vers le km 5, on quitte le canal pour rejoindre Bois-du-Luc (la nouveauté 2011 du parcours), un joli coron où vivaient, du temps des charbonnages, les mineurs et leurs familles. Le coron est traversé par un faux plat et quelques centaines de coureurs. Les habitants sont sur le pas de leur porte, un orchestre met la course en musique. De là, ça monte presque tout le temps, plus ou moins fort selon les portions. Je me fais grâce de la description des détails de la course et renvoie à ce blog ceux qui voudraient en lire un compte rendu très bien documenté.
Houdeng-Aimeries, rue du Levant, cité ouvrière de Bois-du-Luc.
Photo: Jean-Pol Grandmont via Wikimedia Common
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J’ai surveillé mon allure de course au début, elle restait dans les 4’20. Ça allait bien (où est passé mon marathon ?), je sentais que je pouvais la maintenir sans trop de difficulté alors j’ai laissé faire. Pas en sifflotant ni en cueillant des fleurs, non, tant s’en faut, mais je ne me traînais pas en boulet. J’ai dû trouver ça très dur sur le moment, c’est sûr ; trois jours après j’ai pourtant oublié combien. On oublie, heureusement, sinon on ne recommencerait pas.
C’est donc bien vite passé 10 km ! J’aperçois déjà l’église de Bouvy, ce ne sera plus très long maintenant.
Arrêter de courir à peine 44 minutes et 52 secondes (chrono officiel) après avoir commencé, franchement, c’est vraiment bien la peine ! Vous me direz que je n’avais qu’à aller moins vite, c’est juste. Je n’avais pas fait de 10 km depuis octobre, c’est fou comme on en récupère vite. J’ai eu quelques courbatures, mais au niveau de la fatigue générale, c’est absolument indolore. Pas si mal au fond, les 10 km.
Podium
des 10km : Emily Devick, première dame (39'58), et Mathilde Hanuise (41'12). La troisième était trop occupée à manger des couilles de Suisse pour se présenter à la remise des prix. Photo: Jean-Claude Dubois |
Notons que, comme d’habitude, la presse n’en a eu que pour ces messieurs. Il est vrai que Gregory Faille, le vainqueur des 20 km en 1 h 03:34, est impressionnant et que les femmes étaient relativement peu nombreuses (135 femmes sur 344 arrivants aux 6 km, 107 sur 620 aux 10, 31 sur 225 aux 20). Un pas vers la parité médiatique serait néanmoins apprécié. Messieurs les journalistes...
Un podium, quelle chance et c'est amplement méritée. Félicitation.
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